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Voie ferree Villeneuve / Lot – Penne d’Agenais ou le prix du rail

En ce mois de décembre 2009, le père Noël tirant son traineau de technocrates, va remettre à nos élus une étude de faisabilité (en fait, le coût) d’une éventuelle remise en service de la voie ferrée reliant, jadis, Villeneuve sur Lot à Penne d’Agenais.
Des chiffres prévisionnels ont été avancés parlant de 35 à 50 Millions d’euros pour 10 malheureux kilomètres.

ATTAC Villeneuve a voulu, au travers de cet article, poser diverses questions et faire quelques comparatifs.

1ère CONSTATATION :

Pourquoi (quand il s’agit de restaurer un service public) autant de polémiques sur la rentabilité d’un tel projet ?
Quand les pouvoirs publics décident d’étendre les réseaux routiers en rocades, doublements de voies, autoroutes et autres rond-points qui sortent de partout sans savoir toujours pourquoi, la notion de coût et de rentabilité n’est jamais ou rarement évoquée.
Permettre à nos chères voitures de rouler et polluer toujours plus n’a apparemment pas le même sens pour certains.

2ème CONSTATATION :

Le coût de 35 ou 50 millions d’euros pour réhabiliter 10 km de voie ferrée peut sembler exorbitant.
Après quelques renseignements pris auprès d’une revue spécialisée experte en la matière (en l’occurrence LE MONITEUR, revue du bâtiment et des travaux publics N° 5499 du 17 avril 2009) nous apprenons que RFF (Réseau Ferré de France) a refait en région Rhône – Alpes deux tronçons de voies existantes.

  • La première sur 54 km pour 60 M d’euros, soit un prix au mètre linéaire de 1111,00 euros (pour 40 tonnes de ballast, 38 000 traverses et 108 km de rails).
  • La deuxième sur 25 km pour 33 M d’euros, soit un prix au mètre linéaire de 1320,00 euros.
    Ces prix s’entendent sur une structure existante comme celle entre Villeneuve sur Lot et Penne d’Agenais.

Nous pouvons donc conclure pour simplifier la chose que le prix d’une réhabilitation est d’environ 1200,00 euros par mètre linéaire.
Si nous faisons un rapide calcul, 10 km x 1200 € verrait le coût s’élever à 12 M d’euros.
Le reste du budget (35 – 12 = 23 M d’euros) ou (50 – 12 = 38 M d’euros) serait attribué aux travaux liés aux passages à niveaux (au nombre de 3, il me semble).
Ces passages à niveaux posent problèmes puisqu’ils ne peuvent pas rester en l’état. La voie ferrée et la route ne peuvent en aucun cas se croiser et donc l’une ou l’autre doit passer dessus ou dessous !
Donc nécessite de réaliser soit des ponts, soit des passages souterrains (je ne parle pas de tunnels car il n’est pas question tout de même de traverser des montagnes !).

3ème ET DERNIERE CONSTATATION :

Toujours après étude menée par ATTAC Villeneuve, nous pouvons affirmer qu’une route urbaine de 6 mètres de large (circulation dans les deux sens) coûte entre 1200,00 et 1500,00 euros par mètre linéaire.
Pourquoi ?
Une route engendre un tas de travaux et d’infrastructures aux conséquences financières faramineuses, à savoir :

  • Des terrassements et une évacuation de terres à la pelle !
  • De l’empierrement pour fonder la chaussée (de la grave minière ou du calcaire par exemple).
  • Des bordures et des caniveaux en béton.
  • Un bon tapis d’enrobé (bitume) à refaire régulièrement.
  • Un réseau de canalisations pour recueillir et évacuer les eaux de pluie avec fossés ou bouches d’égouts pour avaler toute cette flotte (chaque année des centaines d’hectares d’espaces verts capables d’absorber naturellement les eaux de ruissellement sont effacés de la carte de France pour des surfaces urbanisées et étanches nécessitant un traitement coûteux pour le contribuable).
  • Des trottoirs pour permettre aux piétons de circuler sans danger (quoique…).
  • Un réseau électrique pour alimenter des candélabres d’éclairage public.
  • De la signalisation routière en veux-tu, en voilà pour savoir oû tu vas et oû tu te trouves (à voir le nombre de panneaux qui poussent autour des rond-points, je pense sincèrement que le marché doit être hyper juteux pour certaines sociétés !).
  • Un marquage au sol à la peinture routière à te faire tourner la tête en sens inverse.

Bref, un paquet d’infrastructure qui revient pour 10 kms de route entre 12 et 15 millions d’euros !

CONCLUSION :

Une réfection de voie ferrée ne coûte pas plus cher qu’une route urbaine.
Le comble serait que le projet Villeneuvois nous prouve le contraire